Procès de la ferme des « 1.000 vaches » Les militants de la CP invoquent la désobéissance civile
Amiens, 28 oct 2014 (AFP) - Les neuf militants de la Confédération paysanne jugés en correctionnelle mardi à Amiens pour des dégradations sur le chantier de la ferme des « 1.000 vaches », ont invoqué « la désobéissance civile » à l'appui d'une action légitime à leurs yeux parce que « syndicale » et « collective ».
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« C'est en menant des actions de protestation, de refus, de désobéissance civile, qu'on peut faire changer une loi. Pour avoir un espoir de faire bouger les lois il faut faire une action, c'était mon action », a déclaré l'un d'eux, Thierry Bonnamour, porte-parole de la Confédération en Savoie, devant le tribunal.
Les militants avaient notamment inscrit un grand tag de 250 mètres de long sur un bâtiment de la ferme en construction près d'Abbeville (Somme), en septembre 2013. Mais l'opération la plus controversée, en mai 2014, est ce que la Confédération paysanne a appelé le « démontage » d'une partie des installations de traite, et que le directeur d'exploitation a qualifié, lui, de « saccage » ayant coûté des dizaines de milliers d'euros. « C'est vraiment dommage que la Confédération paysanne ne soit pas citée en tant que telle », a déclaré Laurent Pinatel, porte-parole du syndicat d'agriculteurs qui fait partie des prévenus et qui évoque « le déni du syndicalisme ».
Face aux questions pressantes du tribunal, le syndicaliste a refusé de parler d'actes individuels ou des détails pratiques de l'organisation des opérations menées. Tour à tour, les militants, interrogés par la présidente du tribunal qui tentait de s'en tenir aux faits, ont préféré se concentrer sur les raisons qui les ont poussés à s'engager contre le projet de ce qu'ils nomment « usine » : industrialisation de l'agriculture, pollution environnementale, difficultés des « petits paysans ».
Le témoignage de la plus âgée des prévenus, institutrice à la retraite qui emmenait ses élèves à la ferme et mariée à un agriculteur franc-comtois, a particulièrement soulevé la salle qui l'a applaudie à tout rompre. Provoquant ainsi l'ire de la présidente qui a menacé de faire évacuer la salle et a rappelé que le meeting se tenait à l'extérieur. « Je reconnais que ça doit être difficile pour les ouvriers de l'usine de tout remonter. Quand il y a une grève, ça embête les gens. C'est ça le militantisme. On n'est pas violent », a observé l'ex-enseignante de 58 ans, Dominique Tzaud, poursuivie pour dégradations pendant le démontage de mai.
Les accusés ont affirmé qu'ils n'avaient rien cassé ou incendié et rappelé que les pièces d'équipement dérobées sur les lieux avaient été remises au ministre de l'Agriculture. Les parties civiles devaient être entendues dans l'après-midi.
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